La réalisatrice Amandine Gay nous raconte une "Histoire à soi"

"Une histoire à soi" le documentaire écrit et réalisé par Amandine Gay ("Ouvrir la voix") traite de la question des adoptions transraciales en France à travers les regards croisés d'anciens enfants adoptés. 



Il se visionne comme un livre et il ravira les spectateurs en soif d’émotions justes et de perspectives nouvelles. L’histoire derrière des visages dont on pourrait croire que le chemin a été tout à fait tracé. Des visages dont la peau et surtout la couleur de celle-ci, évoque un imaginaire migratoire loin de leur identité et de leur réalité. Et la musique? Parlons-en ! De l’anti-ASMR, une atmosphère qui alerte, éveille et nous sort de la torpeur dans laquelle on plonge volontiers après avoir commencé à feuilleter ce qui peut ressembler à un long album de vacances. L’album oublié couvert de poussière dont les Photos Ont perdu au fil du temps leurs couleurs et leur lumière. On plonge en nostalgie. Et cette émotion ouvre un canal de communication vers le passé en pointillé de 4 inconnus et de leur(s) famille(s).


Et ce voyage dans les souvenirs d’autres est d’autant plus immersif que rien ne vient rompre la magie du fil conducteur de la voix d’aujourd’hui aux petites bouilles ébahies d’hier. Pas de figures d’autorité lénifiantes, pas de retour vers le futur intempestifs, rien ne vient interrompre la promenade sur le chemin de ces enfances méconnues. 

Ce qui les caractérise ? Les non-dits. Même dans les familles où la communication existe, le sujet de l’adoption et de la famille d’avant est taboue sinon abordée avec la pudeur propre aux naissances honteuses. Les enfants adoptés devenus grand n’ont pas honte pourtant. Mais leur identité s’est construite, parfois dans la contrainte d’une famille soucieuse de graver une parenté non-biologique dans l’adn du cœur d’un enfant aimé. Même si ça marche, certains parcours cahotiques montrent que cela ne se fait pas sans laisser de traces.


Amandine Gay fait des choix de réalisation audacieux avec l’assurance de celle qui sait que le spectateur la suivra dans son plongeon dans la boîte à souvenirs des autres. Ces choix de réalisation - une très grande succession de photos brutes, dont les couleurs passées, les rayures et déchirures sont elles-mêmes une invitation à ne pas tenter de retoucher le passé - sont servis par une écriture concise, juste et authentique. 


Authenticité.


En tendant le micro à d'autres, Gay se raconte. Les yeux fermés, ce film pourrait presque sonner comme la première séance d’une thérapie familiale. Quand, à l’invitation d’un interlocuteur à l’écoute bienveillante, on déroule enfin le parcours complexe et délicat, fait de haut et de bas, de sa vie avec le recul apporté par des années de questionnements et de réflexions sur le sujet. 

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