Petit Papa, je t'aime

Le 9 janvier est une date importante, mon père a décidé de célébrer sa naissance ce jour-là.


Mon père, Dr Youssouf SAID SOILIHI, économiste, homme politique, militant




Mon père, je le critique 363 jours par an (le pauvre) mais ce jour, je pense toujours à ce que sa vie et ses valeurs m'ont transmis.
Mon père est un homme passionné qui a choisi son prénom (Youssouf), sa date de naissance (le 9 janvier aux Comores), ses combats (droits et libertés des Comores), son destin (enseigner et militer aux Comores).
Et c'est un homme prêt à de nombreux sacrifices pour défendre ses idéaux.
Je répète : mon père est un homme politique comorien prêt à SE sacrifier pour défendre les causes qu'il a CHOISI de défendre. Il se sacrifiera lui, LUI. Sa santé, son temps, ses ambitions... tout ce qui lui appartient, oui y compris sa famille, mais jamais il ne sacrifiera ses compatriotes pour atteindre un objectif que lui, s'est fixé.
Je vous ai déjà un peu parlé de mon père ici
C'est compliqué de rendre hommage à une personne avec qui on a des relations aussi compliquées. Les réseaux sociaux ont cette tendance fâcheuse a vouloir gommer la nuance.
Il y a les bons vs les mauvais, les personnes modèles et celles à blâmer ou moquer... On y voit rarement des humains. Cell-eux qui réussissent bien des choses et qui échouent dans tant d'autres.
Alors bon, c'est dur... Dur comme accepter que l'on aime des personnes imparfaites. Dur aussi comme d'accepter d'être aimée de manière imparfaite.
Mon père n'a pas été un père parfait, loin de là.
C'est un rappel que je tiens à faire car pendant lontemps j'ai cru que seuls les pères modèles devait être célébrés. Je n'ai d'ailleurs pas souvent célébré mon père. Mais avec le temps, j'ai appris à accepter l'ampleur de son héritage en moi. Mes sourcils touffus, c'est lui. Mon côté intello psycho-rigide passionnée par la politique et la société, aussi c'est lui. Mon côté marxiste, c'est lui aussi ! Mon allergie au compromis, c'est lui. Le peu d'intérêt pour les normes et le qu'en dira-t-on, c'est lui. Si j'ai pu devenir cette féministe grande gueule qui tchipe des ministres sur ce réseau, c'est aussi, en partie, grâce à lui.
Oui parce que, quand j'étais petite, je pensais que j'étais très importante, j'avais des idées révolutionnaires que je voulais partager avec le monde et le 1er avec qui je les partageais, c'était lui. Il me prenait très au sérieux, il m'écoutait attentivement, répondait à mes questions et me faisait sentir importante, intelligente, pertinente. Il était patient et ne m'a jamais reproché de déblatérer des heures sur le droit des femmes en politique (oui déjà à 7 ans, je soupçonnais que c'était par sexisme et racisme que j'avais perdu les élections pour être déléguée de classe...) même s'il ne m'a pas appris à faire du vélo ou à conduire, on a passé du temps à regarder 7/7 le dimanche ensemble et à discuter d'histoire, de politique et de société.
Quand on grandit dans un environnement où des personnes de qualité comme Ralia Aboudou Dafiné et Youssouf Said Soilihi, prennent au sérieux votre vision du monde, on grandit avec la convition que notre avis et notre vie comptent.
Et puis, il y a conviction que j'ai d'être le fruit de l'amour de ces deux êtres et par cela, alhamdulilah, d'avoir été bénie.
J'aurais aimé que tu sois plus présent Papa. Mais de ce que tu m'as transmis, je ne retranche rien. Au contraire, j'y ajoute tout ce que maman m'a transmis aussi, ça me rend heureuse de savoir que de si précieuses choses vivent en moi et alimentent mes réussites et mes rêves.
Ici mon papa, pendant ses études en Algérie. Déjà militant, déjà amoureux de maman, bientôt papa...
Je t'aime papa, bon anniversaire.

Commentaires

Articles les plus consultés