« You are the sun », Greys Anatomy appelle à centrer les femmes

 « You are the sun ». Ce sont les derniers mots de Cristina Yang (Sandro Oh) à Meredith Grey (Ellen Pompeo) avant de quitter Grey Sloane Memorial pour vivre de nouvelles aventures. Seule. (Sandra Oh à suivre dans l’excellent Killing Eve que je recommande).

Les adieux de Cristina et Meredith, Saison 10

“Tu es le soleil”. À l’époque je n’avais pas compris cette métaphore. 

Mais aujourd’hui, après un grand moment de solitude, cette citation est apparue dans mon esprit. 

“You are the sun”. 

Et là, j’ai compris. 

Un soleil est un astre solitaire. Imagine-t-on un soleil courir après une planète ? Faire des pieds et des mains pour lui faire profiter de ses bienfaits? Tourner autour des planètes pour se faire aimer? Apprécier à sa juste valeur? Je vois parfois cette image incongrue dans mon entourage de femmes-soleil enchaînées à des hommes-lune. La lune, cet astre mort qui ne brille que parce que le soleil reflète son éclat sur lui. Et quand comme moi, on sent rejeté, ce rappel fait du bien. Être un soleil, c’est accepter que pour être soi-même, on doit assumer l’éventualité voire la probabilité d’être seule. De voir occasionnellement des planètes se rapprocher, se réchauffer... mais jamais très longtemps et jamais de très près. 

Je suis soleil. 

Pas de compromis avec moi-même, je dois m’accepter telle que je suis. Je ne peux pas tiédir mes rayons et baisser mon intensité. Quand je brille, j’éblouis. Oui on est mi-septembre et il fait 35 degrés, mais un soleil sa raison d’être est de briller. Alors on brille. Je brille. Bon gré, mal gré. Brillez. Osez être un soleil. Osez réaliser ce que vous êtes. Osez même au risque d’être seule. Le seul devoir que j’ai, est envers moi-même. Les autres peuvent ne pas être là pour moi, mais moi je dois être là pour moi. Tous les jours. Accepter de ne pas plaire à tout le monde même si tout le monde est bien content de profiter de cette belle énergie gratuite qui nous recharge en vitamine D et épanouit les fleurs et les champs l’été. 

Car le soleil, même sans ami-es, même sans amants, brille sur nous tous, tous les jours et même la nuit, indifférent. 

Grey's Anatomy se fait par cette simple citation le chantre d'un monde féministe-centré, womanist qui replace au centre l'expérience, le vécu, la perpective, les besoins affectifs comme professionnels des femmes. Combien de fois Meredith Grey a-t-elle mis de côté sa carrière, mis en péril son avenir professionnel pour les beaux yeux du "Dr Mamour" (Derek Shepherd / Patrick Dempsey) ? Prête à tous sacrifier pour celui qu'elle voit encore comme l'alpha et l'omega de sa vie amoureuse, le "endgame" ultime de sa vie de femme... presque à nous faire oublier que c'est elle, Meredith, la "main character". Une chose qu'Ellen Pompeo n'a pas oublié elle car la rumeur dit qu'elle est à l'origine du départ de Patrick Dempsey de la série. Elle aurait négocié une hausse de salaire en arguant que la série portait son nom et qu'elle ne pouvait en aucun cas avoir un traitement salarial égal ou inférieur.

À la vie comme devant la caméra, Ellen Pompeo applique le message porté par la série créée par Shonda Rhimes, le monde doit tourner autour des femmes-soleil.