Pourquoi ai-je décidé de faire une sleeve gastrectomie ?

Il y a 3 ans, j’ai décidé de me mutiler. J’étais déjà consciente de la violence de cet acte chirurgical que l’on présente avant tout comme médical. Il y a 3 ans, j’ai écrit ce post pour ne pas oublier l’état d’esprit dans lequel j’étais avant d’accomplir cet acte, une sleeve-gastrectomie, une chirurgie bariatrique.

Je me débat toujours avec mon image, mon poids et surtout un problème que je n’avais pas vraiment bien cerné, mes troubles compulsifs de l’alimentation.

Cela fera l’objet d’un futur post peut-être... un jour... en attendant, retour vers le passé.

Photo prise avant ma sleeve (2017)

 « Cet article, je l'écris pour moi.

Dans 4 jours exactement, un chirurgien va me découper l'estomac. Parce que je suis grosse. Et parce que je veux maigrir. Après ces 4 jours, je vais souffrir, lutter, avoir des regrets, être déprimée. D'où l'intérêt et l'importance de ce post pour moi et tous ceux qui envisagent cette opération extrême.

Aujourd'hui, jeudi 22 juin 2017, dans le confort de mon canapé, en sécurité et au chaud chez moi, après avoir bien mangé, je dois écrire au moi de dans 4 jours, celle qui sera alitée, en souffrance, seule, à l'hôpital pour lui rappeler pourquoi je lui fait subir un tel traitement.

Je sais que dans quelques années, on trouvera un moyen de faire maigrir les personnes obèses de manière plus sûre que par une opération chirurgicale. Je sais aussi que, avec le recul, je risque de déchanter. Que les générations suivantes trouveront cette pratique barbare et ne comprendront pas pourquoi tant de gens se précipitent pour se faire amputer un organe dans l'espoir de perdre, durablement, du poids.

Il faut donc que j'écrive pourquoi.

Je suis obèse. Je ne suis pas la plus obèse (mon IMC oscille entre 39 et 40) mais je suis assez obèse pour que mon corps bataille quotidiennement à porter mon poids et que pour ce faire, il me fasse mal. Aux genoux, au dos, aux chevilles. Ces douleurs sont relativement récentes, elles se sont vraiment accentuées ces deux dernières années. Mais la dismorphie, les complexes sur mon corps et l'obsession sur mon poids durent depuis presque toujours.


Mes premiers régimes datent du lycée (2003)
J'ai été mince. 

Aujourd'hui que je tutoie un IMC de 40, je me rend bien compte que j'ai été mince. Je ne me sentais pourtant pas mince. Et j'ai ainsi lutté longtemps contre mon corps, prenant du poids en même temps comme pour me conforter dans l’idée que mes craintes étaient fondées. Et c'est sans doute une des principales raisons pour laquelle je m'apprête à jeter mon estomac à la poubelle: je veux me réconcilier avec mon image. 


Tout d'abord il important de noter que je ne déteste ni mon corps ni les corps gros, en fait, je trouve même les corps gros beaux. J'aime mes formes. J'aime mes hanches, j'aime mes seins, j'aime mon corps de tout son moelleux. 

Le problème est que j'ai perdu le contrôle. La course de mes seins vers mon nombril, de mon ventre en tablier vers mes cuisses, des vergetures en demi-cercles concentriques parallèles à mes courbes, mon corps prend du volume de manière incontrôlable. Que je mange ou que je ne mange pas. Que je fasse où je ne fasse pas de sport. Et que petit à petit, ça a affecté mon cerveau. Je me sens impuissante, dépassée, nulle. Sur la voie sur laquelle je suis, doucement mais sûrement, mon poids finira par me bouffer toute entière. J'évite de me prendre en photo, les miroirs, les vêtements.... Dehors, je me sens pataude, inconfortable, engoncée souvent dans des vêtements trop serrés, trop petits ou au contraire trop grands parce que mal coupés ou peu adaptés à une morphologie de moins en moins normée.

Alors voilà, je suis sur une pente descendant à toute allure vers une vie plus grosse, plus lourde, plus essoufflée, plus engoncée, plus douloureuse. À ne pouvoir rester debout dans les transports sans qu'un pincement aigu au dos ne m'impose de m'accroupir. À ne pouvoir passer une porte sans prendre l'encadrement dans le bras ou la hanche. À ne pouvoir courir sans sentir les regards dubitatifs sur moi, ou le poids de chacun de mes 108 kilos sur mes chevilles alors qu'une personne âgée me dépasse au pas de marche. 

Voilà pourquoi la sleeve.

Ça ne règlera pas mes problèmes. J'en aurais d'autres, c'est tout. D'autres problèmes que j'espère être en mesure de pouvoir gérer. Contrairement à mon poids et ma corpulence actuelle. »




Commentaires

  1. Waouh merci beaucoup.
    Je suis tombée par hasard sur ce texte. Et quand je le lis, je me dit qu'il n'y a pas de hasard.

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