Protéger les enfants : combattre la violence, ça commence par soi

Bon. Désolée j'aimerais soulever un sujet qui fâche. (Oui, oui je sais... Promis, demain j'arrête !)

Sais-tu que...



En France, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents ?
Et on ne compte pas ceux qui survivent, durablement cassés par la violence subie pendant toute leur enfance.
Pourquoi ce sujet fâche-t-il? Parce que comme pour les femmes, on prétend de manière universelle vouloir protéger les enfants tout en tolérant voire perpétuant les pratiques violentes.
Il y a cette idée que la violence, quand elle viendrait des parents, est légitime.
Elle ne l'est pas.
Il y a cette autre idée qu'il existerait des punitions corporelles, certes violentes, mais acceptables.
Elles ne le sont pas.
Et enfin, jamais très loin, l'idée aussi que c'est la faute de la victime (un véritable classique cette idée), la faute de l'enfant, s'il est violenté.
Ça ne l'est pas.
Pourquoi j'en parle aujourd'hui? Le confinement dû au Covid-19 a vu une recrudescence de la violence domestique de 30 à 35% cette semaine. On déplore un féminicide. Ces violences incluent les violences contre les enfants, elles sont nombreuses, aussi en recrudescence mais le décompte macabre de ces morts ne trouve un écho médiatique que dans les histoires les plus tragiques...
On dit souvent aux femmes qu'il faut partir au premier coup. Mais les enfants, pour beaucoup, semblent être une cible légitime alors personne ne dit rien. Cette violence est acceptée, normalisée et légitimée surtout si elle est "propre" c'est-à-dire qu'elle ne laisse pas tant de traces visibles et qu'elle se pare du fard de la punition (sous-entendu de l'éducation).
Est-il vain de répéter que la violence n'éduque pas? Elle détruit le développement émotionnel. Elle conditionne. Elle désensibilise. Elle ébranle la construction d'une identité et un rapport à soi sain. Elle sème une graine terrible qui fleurit de mille et une façon pour donner des fruits nauséabonds qui viendront pourrir notre manière d'aimer, d'être aimé, nos liens d'attachement, de traiter les autres, d'être traité, d'éduquer nos enfants.
À tous les anciens enfants battus qui une fois adultes clament avoir survécu sans dommages, avoir même mérité ces coups, en avoir fait des cicatrices de guerre mémorables et promettent de les distribuer sans modération à leur descendance... Je dis:
Vous avez certes survécus mais les dommages sont là bien que non-visibles à l'oeil nu.
Vous n'en êtes pas mort Dieu merci, mais pourquoi devoir subir ces supplices alors que la majorité des gens arrive sain et sauf, de corps et d'esprit, sans passer par ceux-ci?
En tant qu'enfant, notre monde premier est celui de nos parents. Nos parents même violents, même toxiques, sont notre monde premier. Nous les aimons, nous les adorons, nous les installons sur ce majestueux piédestal tant nous avons intégré notre infériorité et le fait que nous leur devons notre plus grande possession : la vie. Nous grandissons tout naturellement sous emprise, cherchant amour et protection auprès d'eux.
Même quand il n'y en a pas de protection, l'enfant n'a pas le choix. Les parents violents sont ce refuge où le toit fuit, les nuits sont froides et la nourriture affective est empoisonnée.
C'est normal de défendre corps et âme ce dont on a été nourri depuis l'âge le plus tendre.
Même si c'est de la violence.
Enfin "normal"....
Disons que dénoncer la violence parentale n'est pas un procès en amour.
Dénoncer la violence contre un enfant, c'est exposer simplement l'échec individuel et social face au respect d'un principe humain fondamental : la protection de l'enfance.
C'est tout.
Nous avons le devoir de protéger l'enfant. Pas l'enfant sage, ou l'enfant obéissant, ou l'enfant gentil ou l'enfant "normal".
Nous avons collectivement et individuellement le devoir de protéger l'enfant.
Tous les enfants, même l'enfant turbulent, l'enfant cancre, le paresseux, différent, l'enfant insolent, l'enfant LGBT, bavard, l'enfant qui a des difficultés, l'enfant méchant, qui ment, l'enfant violent,
l'enfant qui vient de naître
l'enfant de 17 ans et quelques...
C'est notre devoir à nous qui avons pris la responsabilité de les mettre sur terre.
Nous leur devons notre protection - notre amour,
nous devons cesser de les considérer comme une propriété, nous devons cesser de considérer qu'ils font exprès. Oui un enfant comprend, il comprend que sa vie ne vaut que parce que vous la lui avez donné.
Alors que bordel, c'est Dieu qui donne, et nous ne devons à personne d'autre
le droit d'exister
d'être aimé
et protégé.
Alors si à la lecture de ce texte, votre premier réflexe est défensif. Si ton 1er réflexe est de te sentir attaqué toi qui a peut-être giflé, fessé, frappé, affamé, poussé, pincé, tapé un enfant, prend juste une minute de réflexion avant de défendre ton "mode d'éducation". Demande-toi si ce n'est pas une colère, une frustration, une impuissance, une émotion vive que tu as refusé de contrôler et non pas ton enfant que tu as voulu guider.
On ne guide pas un enfant ainsi, on le dresse à la limite. Il obéira ou développera une stratégie de survie, mais à aucun moment il aura été éduqué. Il reproduira un geste pas parce qu'il l'a compris. Il reproduira même parfois la violence car tout le monde autour de lui l'a normalisé et que si ses parents si forts, si grands et qui ont toujours raison l'ont fait, pourquoi lui qui se prend tout sur la gueule devrait apprendre à se contrôler?
C'était long oui je sais.... Merci à ceux qui sont arrivés au bout ! J'aurais aimé aborder la question de la violence psychologique, des insultes ou remarques désobligeantes, rabaissantes, grossophobes, validistes, homophobes... mais vous n'êtes pas du tout prêt pour cette conversation-là.
Message personnel à tous les enfants battus qui liront mon post. Je suis désolée. Désolée que nous aillons failli à notre mission d'adulte de vous protéger. À l'enfant sans défense qui subsiste quelque part encore en vous, je le prends dans mes bras et je lui dis ceci :
Non, tu ne l'as pas mérité
Ce n'est pas ta faute
Tu es un enfant magnifique
Tu méritais d'être choyé, aimé, protégé, compris et chouchouté
C'est aux adultes de se questionner et de se remettre en question. Je vous en prie faites-le, il n'est jamais trop tard pour défaire les liens mortifères qui se créent avec vos enfants quand vous leur montrez qu'une figure d'amour comme un papa et une maman peut vous faire du mal et vous fais croire que toute cette violence ils le font pour votre bien...

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