Don't Touch My Hair, Part 1

"I rise"


Le dessin est une activité qui nécessite à la fois de se concentrer mais aussi de vider son esprit. Dessiner une afro crée ces mêmes conditions de façon démultipliée. Dessiner des milliers et des milliers de boucles demande une attention au détail mais l’acte étant assez répétitif, l’esprit peut aussi vagabonder. Au début je voulais dessiner de petites boucles serrées qui ressemble à mes propres cheveux. Et puis, la main fatigue, les traits deviennent moins précis et l’ensemble est de moins en moins régulier et finalement beaucoup plus proches de mes cheveux en réalité. Plusieurs textures, différents degrés d’hydratation ou de casse. Ça me convenait et ça correspondait finalement à ce que m’avait inspiré le thème « Don’t touch my hair » : mes cheveux ont l’air en désordre pour un œil non-averti mais il y a une volonté de les présenter de cette manière. Ma volonté. Mes cheveux ont aussi une volonté propre. Ce dessin est une tentative de réponse. Un portrait de femme noire avec une couronne d’épine, qu’on imagine crucifié mais le visage serein, le front haut. La couronne d’épines symbolise le calvaire que nos cheveux sont censés représenter, le stigmate qui les entoure, qui en fait des cheveux d’« intouchables ». C’est aussi le symbole d’une figure messianique, christique. Au bas de l’échelle, opprimée, suppliciée, crucifiée, la figure de la femme noire peut aussi fasciner, être encensée, fêtée. Une figure qui suscite répulsion et attraction. Comme ces cheveux, qu’on voudrait toucher au risque de s’y piquer.  La citation extraite du poème « Still, I rise » de Maya Angelou c’est le halo qui sacralise, d’une auréole, ces cheveux.  Elle vient ponctuer une succession de termes qui désignent les cheveux. Des mots qui donne voix et trace un chemin vers la fierté, l’Ascension. « I Rise ».

Transcription de la citation extraite de « Still I rise » de Maya Angelou:

Does my sassiness upset you?
Why are you beset with gloom?
’Cause I walk like I've got oil wells
Pumping in my living room.
Just like moons and like suns,
With the certainty of tides,
Just like hopes springing high,

Still I'll rise.

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