Pour Adama Traoré,
Avec ce texte, exprimer la douleur que je ressens quand l'un des miens tombe.
Un des miens. Un humain. Un inconnu mien. Ce sentiment particulier, ce chagrin noir, touche à l’indicible.
Des gens que je ne connais pas meurent.
Des jeunes meurent juste car ils ressemblent à moi.
C’est injuste. C’est triste. La fureur, l’indignation, la peur
étranglent ma gorge,
suffoque ma poitrine.
Dans ma tête tournent en boucle les dernières images de sa vie.
Je m’imagine toute proche.
Sa peau, c’est la mienne.
Sur son dos, on s’applique
"I can't breathe"
On expulse la vie.
Son corps tente, mais en vain,
de repousser le destin.
Il est "jeune et brave"
mais à lui seul,
il ne peut rien.
Peut être est-ce à ce moment-là que son corps d’homme noir lâche?
Il n’entend déjà plus,
ne réagit plus à rien.
Du sol,
longtemps,
à assis.
De son assise
au sol,
longtemps.
Là,
ils tentent l’impossible.
Regardez-le,
enfin.
C’est un humain.
Vous le voyez maintenant.
Ce n'est pas une chose
C’est un homme.
Un inconnu mien.
Un homme,
peut-être même le mien.
que fait-il par terre,
livré à lui-même comme un chien?
Si c’est un homme,
pourquoi l’avoir laissé mourir
sans même lui délier les mains?

Commentaires
Enregistrer un commentaire